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À l’aube de 2007, année des 18 ans d’Élianne, la vie est belle. On peut dire d'Élianne qu’elle est privilégiée. Pas du privilège des bien nantis, des gens haut placés, non, celui qu’on tient pour acquis jusqu’à ce qu’on le perde : le privilège tout naturel d’un être jeune, en santé, doté d’une famille aimante et qui sait que  tout effort mènera au succès. L'effort dans les études mènera à un bon emploi, l'effort dans les sports mènera à une place de choix parmi l’élite sportive... Bref, un talent inné, une situation économique confortable et le soutien de son entourage font d’Élianne un être à qui la vie sourit. Elle étudie en bio-écologie et se dirige en biologie marine. Elle est athlète en vélo de montagne, a un amoureux et part pour le Mali visiter son frère et sa famille... Élianne est heureuse. Jusqu’à la journée fatidique où sa vie bascule.

Les textes de cette chronique proviennent d'extraits de courriels envoyés à la famille par Jocelyne, sa maman. L’histoire d’Élianne m’a bouleversée et je voulais vous donner la chance de la lire. Pour vous faire connaître un peu Élianne, nous débutons par son voyage au Mali avec Jocelyne.

Voyage au Mali (suite)

24 janvier 2007

Je profite qu'Élianne et Charlotte (Safiatou) soient à l'équitation ce matin pour réquisitionner l'ordi et vous transmettre, en vrac, quelques impressions. J'ai préféré me dispenser de monter à cheval. C'est avec une selle anglaise (donc sans pommeau) et ma dernière expérience, à Cuba, fut désastreuse pour mon c....

 

LES RUES DE BAMAKO : Bamako est une très, très grande ville, très étendue, des deux côtés du Niger (le fleuve). La plupart des rues sont en terre et les plus grandes sont asphaltées. Ici on appelle les rues asphaltées « le goudron ». La circulation est infernale. Tous les moteurs sont au diésel, ce qui signifie que l'odeur est un mélange de diésel, d'huile et de terre rouge. (On est en saison sèche. Il n'a pas plu depuis septembre. C'est donc très, très poussiéreux). Il y a un grand réseau de transport en commun les SOTROMA. Ce sont des mini-bus (plutôt genre éconoline tout décrépit, sans portes ni fenêtres et tout rouillés) dans lesquels s'entassent littéralement les gens mais qui leur permet de se déplacer à relativement bon compte. Ce réseau est très, très achalandé. Je ne suis pas encore assez Malienne pour l'utiliser . Je m'en tiens à Salif ou aux taxis qui sont ici très nombreux mais en aussi mauvais état que les sotroma. Les sotroma sont verts et les taxis généralement jaunes. Il y a énormément de motos, tout plein, full, partout, partout. Je serais bien incapable de conduire au milieu de tout cela. Yves le fait, mais pas Charlotte. Partout, partout... des vendeurs... entre les voies, sur les trottoirs, dans les caniveaux (je vous passe le détail de l'état des caniveaux et c'est pas si pire puisqu'ils sont à sec), devant chaque devanture, dans les rues. Ils vendent de TOUT, des kleenex, des souliers, des cartes de téléphone, des cigarettes, etc. Ils se faufilent entre les voitures et vous proposent leurs marchandises pendant qu'elles sont arrêtées et elles le sont souvent! Toutefois, ils ne sont pas trop insistants et s'en vont quand nous disons (non) akagni (c'est bon). Depuis quelques jours, les vendeurs de casques de motos sont apparus, le gouvernement ayant décrété que le port du casque serait obligatoire. (Bonne chance pour faire respecter cela!) Naturellement, il paraît que le prix des casques a bondi!

LA CORRUPTION : Je sais qu'elle existe partout, à tous les niveaux de fonctionnaires et de direction car on m'en a beaucoup parlé. Ce que j’ai vu : sur les routes du Mali (comme entre Bamako et Bandiagara), il y a partout des « contrôles » policiers. La route est fermée par des barils et tous les véhicules (sauf les voitures de toubabs et les Mercedes), autobus, mini-bus, sotroma, taxis, voitures privées doivent s'arrêter et les occupants doivent montrer leurs papiers.

 

C'est une façon de s'assurer que les documents d'identité et du véhicule sont en règle, mais surtout une occasion de toucher un « pourboire » pour les forces policières. À chacun de ces contrôles, et il y en a eu au moins 10 sur notre route, j'ai remarqué une Mercedes garée. C'était bien sûr celle du chef de police qui ne l'a certainement pas payée avec son misérable salaire! Ces arrêts sont une occasion pour tous les gens des alentours de venir vendre leurs marchandises : petits gâteaux, eau, jus, thé, fruits de toutes sortes, kleenex. C'est une bonne façon de s'approvisionner si on a oublié son lunch, mais ils sont plus insistants qu'à Bamako. Heureusement, le prochain véhicule qui s'arrêtera aura lui aussi droit à leur assaut. Ça soulage! Quand nous sommes arrêtés, nous souhaitons que ça ne dure pas trop longtemps, car il fait chaud (le soleil plombe alors sur le véhicule sans climatisation) et ça pue!

 

Autrement, je continue ma « job de matante ». J'ai montré à Fabiola (18 mois) à répondre à mes questions : « Elle est où maman?  Elle est où Jojo? Elle est où Élianne? » par « ELLE EST LÀ », ce qu'elle est toute fière d'avoir compris. Là j'essaie le chaud et le froid, car tout ce qui présente un écart de température est CHAUD pour elle! Nous verrons si elle pourra dire FROID d'ici mon départ. En passant, quand je sors une bière du frigo pour lui faire sentir le froid en la collant sur son épaule, elle la montre en disant « papa ». C'est quand même intelligent ces petites bêtes-là!

 

À bientôt, nous revenons dimanche soir. J'ai quand même hâte de faire de la raquette.

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