À l’aube de 2007, année des 18 ans d’Élianne, la vie est belle. Elle étudie en bio-écologie et se dirige en biologie marine. Elle est athlète en vélo de montagne, a un amoureux et part pour le Mali visiter son frère et sa famille... Élianne est heureuse. Jusqu’à la journée fatidique où sa vie bascule.
Les textes de cette chronique proviennent d'extraits de courriels envoyés à la famille par Jocelyne, sa maman. L’histoire d’Élianne m’a bouleversée et je voulais vous donner la chance de la lire. Pour vous faire connaître un peu Élianne, nous avons débuté cette chronique en mai par son voyage au Mali avec Jocelyne. Nous vous recommandons cette lecture préalable. MISE EN GARDE : certaines images et textes peuvent heurter la sensibilité des personnes non averties.

Entre la vie et la mort
23 mai 2007 au matin
Bonjour, c'est Renaud, voici des nouvelles de ma sœur Élianne. (C'est ma mère qui parle.)
Grâce à vos pensées positives et vos prières, l'enflure du cerveau s'est maintenue à un niveau acceptable. Mais d'autres complications surgissent et c'est vers cela qu'il faudra diriger toutes vos bonnes ondes et énergie aujourd'hui (sans oublier le cerveau naturellement). Les reins ont lâché et Élianne est présentement en insuffisance rénale transitoire, et sous dialyse. Elle a de l'eau dans les poumons. Le cœur capote! Le bon docteur Verdant veille et essaie de compenser toutes ces défaillances.
Dans sa chambre, j'ai mis des photos d'elle, pour l'aider à s'accrocher, pour qu'elle y flotte quelque part et pour que tous ceux qui la soignent voient quelle fille extraordinaire elle est. J'ai mis aussi une médaille de vélo pour lui rappeler qu'elle est notre championne.
Élianne est le « gros cas » de l'Hôpital Sacré-Coeur, 1 à 3 infirmières plus 1 ou 2 médecins sont à son chevet presque en permanence. Elle reçoit des doses maximales d'un tas de médicaments et son cœur court le marathon depuis plus de trois jours maintenant.
L'équipe médicale et infirmière est merveilleuse, compétente et humaine. De vraies abeilles!
DONC, ON CONTINUE! DE PARTOUT NE CESSEZ PAS DE LUI ENVOYER VOS PRIÈRES ET DE PENSER À ÉLIANNE. LA LÉGENDE DE TABITONGO EST TOUJOURS VIVANTE ET A BIEN BESOIN DE SES AMIS MALIENS.
Je vous embrasse tous et vous remercie pour le grand soutien et l'aide que vous nous apportez.
24 mai
STABLE DANS L'INSTABILITÉ
Hier soir, Gilbert, Renaud, Nico et moi avons rencontré le docteur Verdant. Élianne lutte maintenant, en plus, contre une pneumonie et une septicémie. Elle est la plus malade de tout l'hôpital, ils font tout et ils feront tout, car jusqu'ici il n'y a pas de signe de déficit neurologique. Elle traverse un moment critique. Chaque heure gagnée est un miracle en soi. On se croise les doigts, on prie en pensant à elle.
Merci encore de tous vos messages de soutien, mon frère arrive de Bamako ce soir, sa présence sera bienvenue.
Je vous embrasse fort XXX
26 mai
Juste un petit mot rapide pour vous dire que :
- l'infection est sous contrôle avec la batterie d'antibiotiques : staphylocoque doré dans les poumons et entéro quelque chose dans le sang, de grosses bibittes méchantes paraît-il.
- hier soir, la pression intra-crânienne était toujours assez
variable mais relativement bien stabilisée.
- le médecin a dû administrer une nouvelle dose de barbiturique car ses signes neurologiques se sont améliorés (pupilles plus réactives), ce qui veut probablement dire que l’œdème s'est arrêté et a peut-être même commencé à régresser. Ils veulent encore la garder au repos total.
Tout cela m'encourage pas mal. Notre bon docteur Verdant a fini sa semaine hier. J'ai bien hâte de voir qui sera le grand boss lundi, mais il me dit qu'ils sont tous aussi bon que lui! Peut-être, mais sûrement pas aussi fins!
Je n'en ajoute pas plus, je prépare mes bagages pour passer une nuit à la maison. C'est bien certain que je fatigue en ta... mais il le faut, et j'ai organisé les tours de garde auprès d'Élianne, mon petit bébé qui lutte fort, fort. Elle est pas mal bonne.
De Charlotte
Ce matin, René Omier-Roy a lu mon courriel au sujet d'Élianne demandant à tout le monde de penser à elle... Vous pouvez écouter l'extrait sur le site radio de Radio-Canada, sous l'émission C'est bien meilleur le matin, partie 1. Mais il a compris qu'Élianne est à Bamako (alors que c'est moi qui y suis)...
Voici le courriel envoyé :
Bonjour,
Le 17 mai dernier, vous avez dédié la chanson Les dimanches à Bamako à une jeune fille qui avait ce jour-là 18 ans, Élianne. Or, dans la nuit de samedi à dimanche, elle a été victime d'un grave accident de voiture. Elle est depuis dans un coma profond et son état est critique. Je vous demande aujourd'hui non pas une chanson, mais bien un appel à tous : de demander aux fidèles auditeurs de votre émission (dont moi et sa mère faisons partie) de penser très fort à Élianne, afin que son cerveau désenfle et qu'elle passe à travers cette épreuve terrible. Je suis moi-même à Bamako mais présente en pensée à chaque instant, ainsi que tous les autres amis maliens qu'Élianne s'est fait ici lors de son séjour parmi nous. Nous prions et pensons à elle.
Merci,
Charlotte