Cette chronique se veut une forme d’éditorial qui exprime certains des points positifs et quelques fois moins positifs de nos réseaux de la santé, par des rencontres et des lectures que je fais dans mon quotidien. Espérons qu’elle vous inspirera à aiguiser votre sens critique et à comprendre que la véritable santé part de nous-mêmes et de nos actions de tous les jours.
Mise en garde du Nénuphar : Les opinions présentées dans ce texte représentent le point de vue de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement le point de vue du magazine.
À qui le ti-cœur après neuf heures?
La maladie cardiovasculaire est le principal problème de santé publique dans la plupart des pays industrialisés. Je me suis particulièrement intéressé à ce sujet depuis quelques années, et je dois dire qu’à la vitesse à laquelle l’information est publiée, les autorités en la matière ont beaucoup de difficulté à suivre la parade. Lorsque les coûts liés à la maladie sont élevés (plus de 20 milliards de dollars au Canada en 2010, selon Statistique Canada), les centres de recherche s’activent et parfois créent de nombreuses controverses en matière d’approches thérapeutiques et de diètes qui pourraient être favorables ou non aux maladies cardiovasculaires. Il y a bien sûr des recommandations officielles en matière de prévention, de dépistage et de traitement, mais sont-elles à jour?
Ces dernières années, il y a eu beaucoup de remises en question concernant tout ceci. Le cholestérol LDL, est-ce un bon marqueur de risque ou non? Les gras saturés sont-ils vraiment néfastes pour notre santé cardiovasculaire? Le végétarisme favorise-t-il la santé du cœur, ou devrions-nous considérer certains aliments de source animale? La santé cardiovasculaire est un sujet qui suscite beaucoup de passion, autant chez les médecins, les cardiologues, les neurologues et autres kinésiologues, que chez les entraîneurs, les
nutritionnistes et les naturopathes; les opinions sur la marche à suivre de l’approche à adopter sont souvent très divergentes. Il y a depuis quelques années en France une pétition qui circule et qui demande aux autorités de faire la lumière sur la réelle utilité des médicaments anti-cholestérol dans presque tous les protocoles de traitement et de prévention des maladies cardiovasculaires. On demande la formation d’un comité d’experts indépendants pour voir si les statines peuvent vraiment servir à autre chose que d’amasser des millions pour les fabricants pharmaceutiques. Je dois avouer que je suis un peu partagé sur cette question. Beaucoup de cardiologues nous disent que depuis qu’ils prescrivent cette classe de médicament aux gens ayant subi un premier infarctus, ils ne les voient plus revenir tous les trois mois à l’urgence comme par le passé. Deux questions méritent pourtant d’être éclaircies et me poussent à vouloir quand même signer cette pétition, qui a obtenu tout près de 400 000 signatures jusqu’à maintenant.
Tout d’abord, est-ce la diminution du taux de cholestérol qui a cet effet bénéfique chez les personnes atteintes, ou bien ces médicaments auraient-ils aussi un effet anti-inflammatoire? Et si la baisse du cholestérol n’était pas
ce qui donne au médicament son efficacité? Si cette baisse était plutôt une résultante collatérale qui entraînait les effets secondaires néfastes que les gens ressentent en le prenant ? Dans ce cas, nous pourrions trouver autre chose à leur prescrire, par exemple des antioxydants aux propriétés anti-inflammatoires… Il ne faut pas oublier que le cholestérol est essentiel à notre santé et qu’on remet sérieusement en doute le lien entre un haut taux de cholestérol et la maladie coronarienne.
Ensuite, je me demande quel est l’effet réel de ces médicaments chez les gens n’ayant subi aucune atteinte aiguë sur le plan cardiovasculaire. Cette question n’a jamais vraiment obtenu de réponse concluante dans les études publiées. Alors, pourquoi les prescrire à toute personne dès qu’elle a un taux un peu plus haut que la normale sans savoir si cela est vraiment nécessaire?
De toute façon, n’oubliez surtout pas que février est aussi le mois de l’amour et qu’il y a plusieurs façons de prendre soin de notre petit cœur après neuf heures. Le chocolat ou les fleurs fonctionnent encore très bien…
Avez-vous une opinion sur le sujet? Faites-nous en part et nous l'ajouterons au bas de cette chronique.