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Blandine Legal Dornez s’est engagée à raconter aux lecteurs du Nénuphar,
ses souvenirs de jeunesse à Sainte-Geneviève, son village natal.

Le retour à l’école, le cahier neuf et, parfois de nouveaux livres de lecture, etc., sans oublier un beau grand crayon. On nous encourageait à nous servir d’un seul crayon de septembre à juin. Seules la maîtresse et les plus grandes élèves pouvaient les aiguiser pour ne pas casser la mine.

 

On nous demandait de porter des tuniques noires à l’école. Une année, je devais avoir 12 ou 13 ans,
je me suis rendue à l’école sans tunique. Une autre élève est aussi arrivée en classe sans la tunique requise. La sœur nous garde durant la récréation pour nous mesurer « au cas où » quelqu’un pourrait nous en donner une, explique la religieuse. Deux semaines plus tard, elle nous garde encore en classe et nous fait essayer chacune une tunique. Elles nous faisaient à merveille. J’ai su beaucoup plus tard que la sœur ménagère avait cousu ces habits avec de vieux costumes et une soutane ayant appartenu à M. le curé. Quel bel acte de charité!

Ce n’est pas étonnant que si un élève avait la rougeole ou autre maladie contagieuse, toute la classe y passait. Nous buvions tous avec le même gobelet en aluminium. Après avoir bu, nous remettions le gobelet sur l’eau dans le gros récipient en grès.

 

L’enseignement du français était interdit sauf pour quinze minutes par jour, mais nous trichions. Quand l’inspecteur venait, nous le savions d’avance, et nous cachions nos livres français. Il nous faisait lire, nous demandait d’épeler des mots et d'écrire au tableau. Nous ne pouvions pas passer à la classe suivante si nous ne connaissions pas assez l’anglais. Deux jours par semaine, tout se passait en anglais, une sorte d’immersion comme aujourd’hui. J’enviais la petite Anglaise de ma classe qui n’apprenait que sa langue. Mon père, plus sage que nous, nous disait qu’un jour nous serions fiers d’être bilingues. Et il avait raison!

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